Bois de Boulogne Vue prise au dessus de la Porte Dauphine, Th Muller

Au xixe siècle Londres est équipées de tout à l’égout,

mais Paris est encore alimentée par l’eau de Belleville ou de la Seine dans laquelle se jettent de rares égouts.

Napoléon III marqué par ce qu’il a vu lors de son exil à Londres vers 1840 veut s’inspirer de ce que les anglais maîtrisent déjà et que des architectes, des ingénieurs ou des paysagistes s’efforcent d’appliquer : l’urbanisme.

Les projets de démantèlement des fortifications apparaissent avec Jean-Charles Alphand en 1884, mais Paris restera confiné dans les mêmes limites, alors que Berlin s’agrandit à la même époque.

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Boulevard à redans. Études sur les transformations de Paris, 1903

Naissance de l'urbanisme

Un architecte voyer de la ville de Paris du nom d’Eugène Hénard, invente en 1903 un nouveau type de boulevards implantés sur les fortifications côté Bois de Boulogne, au moment où l’on discute du démantèlement de l’enceinte.

Les parcs des fortifications. Hénard prévoit 13 terrains de jeu. Seul le parc de la Butte Rouge (parc du Pré Saint-Gervais) au sous-sol instable fut réalisé dans les années 30

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Le boulevard à Redans

Ce boulevard, dit « à redans » est un boulevard discontinu sur lequel des hôtels particuliers sont créés, non pas selon l’ordre continu des façades Hausmanniennes, mais selon un système qui laisse passer le regard et l’aération. C’est un des premiers projets innovants situé sur le terrain des fortifications (Le Corbusier reprendra ce thème du redan par la suite).

Vue perspective du boulevard à redans triangulaires, Eugène Hénard

Une ville aérée

Eugène Hénard constate que Paris comptait 391 hectares de surfaces plantées en 1789 et n’en a plus que 173 en 1900. Il propose neuf grands parcs : le parc Montmartre englobant une partie de la butte, le parc Saint-Denis, entre la rue d’Hauteville et la rue du Faubourg-Saint-Denis ; le parc Voltaire, entre le boulevard Beaumarchais et les boulevards Voltaire et Richard-Lenoir ; le parc Ménilmontant, dans le XXe ; le parc Saint-Antoine, dans le XIIe ; le parc de la Maison-Blanche et le parc Croulebarbe, dans le XIIIe ; le parc du Maine et le parc de Grenelle, dans le XVe. À propos de l’automobile dans Paris, Alphand prévoit que « ce moyen de transport se substituera à tous les autres » et que si on ne fait rien « en 1950 la circulation sera impossible ».

Extension de Paris, Eugène Hénard, 1910

Eugène Hénard, vers 1910, est aussi à l’origine d’un projet intéressant d’extension continue de Paris au-delà du mur, qui aurait disparu, par un tissus régulier de rues et de squares, sans distinction entre Paris et la banlieue. Il utilise le réseau des forts protégeant la capitale pour y créer de nouveaux parcs. Malade, il récidive en 1913 avec l’aide d’architectes plus jeunes en proposant plus clairement un nouveau boulevard de ceinture.

Extension de Paris, Hénard, Prost, 1913

La désaffection de l’enceinte est d’abord envisagée avec les logements prévus par Alphand pour régler les problèmes internes à Paris (circulation, logements ou jardins) et devient un élément fondamental dans les stratégies d’extension de la capitale.

Ces réflexions apparaissent au même moment dans la littérature. Dans « Paris à cinq heures du soir » de Jules Romains, le Paris de 1908 est décrit comme « Serré dans son enceinte, il se trouvait en outre ligoté dans le fouillis de la zone et bloqué dans sa banlieue. Et cette banlieue, loin d’être quelque chose de simple, de traitable, une propagation circulaire, un train d’ondes de populations concentriques, formait l’enchevêtrement le plus confus ».

Les fortifications du boulevard Bessières, Eugène Béjot, 1903
Les enfants de la zone d’Ivry, 1913

Au même moment, les forces politiques les plus diverses s’emparent de la question. Albert Thomas, porte parole du Parti Socialiste affirme que l’aménagement des espaces libres sur la zone serait une œuvre socialiste. Maurice Halbwachs, grand sociologue au temps de la SFIO, affirme que la zone pourrait être un lieu formidable d’interaction des différentes classes sociales dans l’espace parisien. Ce qui se passe sur le terrain est plus délicat, les militaires défendent leurs terrains et les zoniers sont parfois expulsés de leurs baraques.

Adolphe Thiers voulait “protéger la tête de la France” et l’idée qu’elle soit enserrée dans une couronne insalubre de lotissements sur la zone, soit comme garrotée dans cette couronne et la banlieue, est insupportable aux yeux de certains dirigeants politiques et des militaires qui en profitent pour proposer à nouveau leur projet de méga enceinte plus belle et plus grande, à la hauteur des forts de banlieue, contre les bastions et les enceintes de Thiers. Il s’agit certainement du projet le plus absurde que l’enceinte est jamais sécrété à l’époque où toutes les villes allemandes avaient démantelé leur fortifications.

La lutte contre les apaches à Neuilly, 1913

Le peuple de la zone face à l’une des plus grandes opération urbanistique qu’a été la suppression des fortifications et de la zone non aedificandi

Une partie des propriétaires fonciers parisiens protestent contre le projet de mettre sur le marché trop de terrains à bâtir, ce qui dévaloriserait les propriétés existantes. Il y a donc des conflits entre techniciens, forces politiques, civils et militaires, mais aussi entre différentes fractions de la propriété immobilière parisienne.

Le Zonier, n°1, 1er novembre 1896, permet aux habitants de la zone et des fortifications de se défendre et leur donne des informations juridiques pour faire valoir leurs droits