13- La réalisation du périphérique
Si la Grande Muraille
est visible depuis l’espace,
le périphérique aussi !
c’est quitter Paris et entrer dans l’univers de la banlieue.
On continue d’appeler les entrées de Paris des “portes” et de désigner le territoire situé à l’intérieur du périphérique sous le nom de “Paris intra-muros”. L’exemple ci-dessus des terrains du sud de Paris, entre les portes de Vanves et de Chatillon,
au 1er mars 1961, montre le front bâti des HBM, le système des espaces verts réalisés et le boulevard périphérique désormais en tranchées et autoroutier, qui occupe la limite du périmètre communal de Paris.
Le premier tronçon est ouvert en 1960 et les 35 kilomètres sont totalement mis en service en 1973.
La coupure dans le tissu urbain varie de 35 à 60 mètres pour deux chaussées à quatre voies, occupant chacune quatorze mètres de largeur. Les travaux de l’autoroute du sud seront lancés en 1957 comme le montre la vue aérienne ci-contre d’Arcueil au boulevard périphérique (à la porte de Gentilly).
Cette opération renforce l’impact visuel de cette façade continue de sept à huit étages des HBM construites par la Ville de Paris face à une banlieue longtemps composée d’immeubles bas ou de maisons de ville.
Souterrains sous un sixième de sa longueur, le périphérique est une frontière matérielle. Sur le reste de son tracé, il passe en tranchée non couverte ou au niveau du sol ou en viaduc au dessus de la ville sur un tiers de sa longueur.
Le projet d’aménagement du secteur n° 7 de la ceinture verte de Paris, de la porte de Pantin à la porte des Lilas est une des images fortes de cette politique d’aménagement du plan Lafaye (voir ci-dessous). Nous y voyons à la fois les HBM construites dans l’entre-deux-guerres, le parc d’Azema, dit du Chapeau Rouge, puis ces grandes barres qui sont implantées. C’est comme si une ville nouvelle annulaire avec tous ses clichés avait été créée à cinq kilomètres du centre historique de Paris (rappelons que le boulevard périphérique de Londres est à 30 km, celui de Berlin à 25, celui de Madrid à 10. Dans l’entre-deux-guerres, l’incapacité politique et financière de la ville de Paris à réaliser les terrains de jeux, qui n’auraient pas pu être transformés en autoroutes ou en grands ensembles, permet cette irruption d’une logique d’urbanisme de très grande banlieue dans la capitale.
Cette politique d’aménagement est illustrée par l’image ci-dessous, une des rares compositions architecturale qui traverse le périphérique à la porte de Vincennes. L’architecte Bailleau imagine un système symétrique qui traverse les deux côtés de la ville.
La logique autoroutière de ce dispositif, qui a ses obligations en termes de rayons de giration, de tracés, de pentes, s’apparente de manière répétitive à la logique du mur de Thiers en termes de travaux publiques, de lignes de chemins de fer, de routes, de terrains dégagés qui est mis en place à proximité du centre de la capitale.